La photo est sortie depuis une heure à peine et les critiques pleuvent. Qu'elles pleuvent. Après tout, l'investiture était trempée, elle aussi.
Je trouve, une fois encore, le travail de Depardon impeccable.
On reproche ou on loue un côté "photo amateur", bêtise. Il y a la sens du cadre, parfait détachement de l'homme devant le palais et simplicité franche. Un genou fléchi, il va de l'avant, dans l'ombre, loin des aveuglements de la lumière de la fonction, du palais. Il laisse la place, ne centre pas l'attention, ne "pose" pas outre mesure, d'où les mains flottantes, l'air légèrement gêné : ce n'est pas Napoléon par David, chacun est à sa place, de l'art officiel non-officiel où l'artiste est à égalité avec le modèle, non assujetti. L'idée du cadre carré, à la Rolleiflex est la meilleure idée depuis le renversement horizontal de Lartigue pour VGE (qui avait fait très fort aussi). Le sombre est là, mais des taches de lumières nous parviennent, l'horizon est souriant, radieux.
Les critiques continueront de pleuvoir, montrant combien le travail exemplaire de Depardon est juste, nécessaire et mal compris.
Crions le haut et fort : "La France" de Depardon est un chef d’œuvre (parmi d'autres merveilles, notamment sa série documentaire "Profils paysans"). Son regard est juste, toujours à bonne distance. Loin de l'idée de la "belle photo" sur un "beau sujet", il détonne et redéfinit notre regard par le sien, en véritable artiste. J'adore cet homme et son travail.
Je suis en train de finir mon prochain bouquin. Il s'appellera "Sombre aux abords". Mon projet était de réaliser ce sera une épopée ordinaire Springsteeno-depardono-ardéchoise à double face et en 10 chants. Oui, j'ai parfois des idées simples et déjà vues comme ça. Cela pour dire que, pour mon écriture, je me suis véritablement inspiré du travail de Depardon, je ai explicité cela dans les dossiers présentant ce projet. J'ai vu ou revu ses docs, regardé en long et en large sa "France" et j'attends avec impatience "Journal de France" présenté à Cannes sur la réalisation de "La France".
Sur mon manuscrit, je me suis amusé à mettre une photo en première page, pour faire comme si... J'ai bien sûr pris une photo de Depardon, un homme devant un garage. En la recherchant pour ce billet, j'en trouve une autre qui fait un bel écho. J'ai grandi dans un garage, je sais la beauté profonde de ces architectures-là.
Je me sens tellement en accord avec cette façon de voir le monde...
J'ai un rêve, un désir profond, avoir une photo de lui en couverture de ce livre. J'ai regardé sur internet, trouvé sa maison de production, le mail auquel écrire... Mais je n'oserai jamais, trop timide, trop intimidé aussi.
Alors, il peut bien pleuvoir des critiques, quand on a regardé les photos, quand on a pris le temps d'entrer dans son regard, cette photo officielle s'impose dans toute sa force, impeccable. Parfaite.
Félicitations à l'artiste et au modèle qui a su faire le bon choix.
lundi 4 juin 2012
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