dimanche 4 juin 2017

Emmanuel Macron a essayé, il a eu des problèmes

J'aime bien, depuis que j'ai bossé sur Microfilms (et que je me suis intéressé au boulot d'Antoine Boute qui travaille aussi cela), réfléchir sur les ressorts linguistiques et narratifs des blagues.
Grand amateur de Laspalès et Chevallier, cité en meeting comme lors du débat du second tour, Emmanuel Macron est au centre d'une polémique après sa "blague" sur les comoriens.





Là, cette "blague" de Macron repose sur deux trucs. Le premier, qui suffisait à faire un trait d'esprit, c'est que ces barques servent surtout à ramener des comoriens.C'était une blague sur les barques. Le second élément repose entièrement dans le "du" partitif. C'est une blague sur les hommes.
C'est ce qui choque, qui est relevé. Les acceptions sont claires. Tout est dans le choix, l'emploi du singulier qui transforme un partitif pluriel perçu à l'oreille inattentive comme article indéfini (des comoriens) en partitif clair et net (du comorien). Le fait que ce soit un partitif n'a rien de choquant ou de dégradant. Le choix du singulier si.
Ici dans la définition du sens 2 (onglet partitif) du CNRTL, on pourrait avoir un "du" pour des humains dans les acceptions I-A2 c ou d.
Clairement ici le partitif "du" employé est celui de l'acception I-A 2a, il appelle un horizon d'attente sur une espèce de poisson, et la chute de la "blague", c'est la découverte qu'il s'agit d'êtres humains. Cela se corrèle avec le premier effet sur les barques.
Il mêle une synecdoque (Le comorien pour des comoriens), et une métaphore (comoriens=prise de pêche).
Ce qui est sûr c'est que, en y regardant de plus près, la remarque comique "fonctionnait" sans cela (Les barques ramènent surtout des comoriens) elle est limite, mais acceptable même d'un chef d'état. Mais l'effet "comique" est amplifié par cette seconde blague dans la blague (les comoriens, prise de pêche), clairement cynique et déshumanisante. Celle-ci choque.
Toutefois, c'est souvent le but d'une bonne blague, choquer, pour provoquer une angoisse brutale évacuée par le rire. De nombreuses blagues, drôles, reposent sur des horreurs. Des pensées immondes et inacceptables. Celles que l'on rejettent. Et parce qu'on les rejettent violemment, la blague fait rire. Catharsis.
Celle-ci aussi, ce n'est donc pas une "mauvaise blague en elle-même.
Elle est mauvaise à cause de la situation de communication. Qui la dit : non pas un homme mais l'état représenté par un homme.
Qui est destinataire ? là, on ne sait pas, des gens autour qui connaissent la situation.
Qui la reçoit ? tout le monde : et là, déjà il faut expliquer la blague. Elle est donc déjà viciée, vidée de tout effet comique, puisque vidée de la surprise de la chute qui crée l'horreur, donc le rire.
C'est le souci notamment de la blague raciste.
Véhiculée entre racistes (ou par un non-raciste à un public raciste) elle n'est pas drôle car vidée de la surprise horrifique. Ils y souscrivent, elle n'est même pas drôle pour eux.
Véhiculée par un raciste à un public non raciste elle devient simplement atroce, c'est une parole raciste décomplexée.
Véhiculée par une personne clairement dénuée de toute intention raciste à une autre personne, à un cercle clairement dénué de tout racisme, elle fait rire par son horreur expurgée, catharsis. Et rires aussi sur la connerie de parole raciste démontée.
Enfin, il y a, et c'est ce schéma là qui est (possiblement, espérons-le du moins car rien n'est sûr) en œuvre avec Macron, le cas d'une blague raciste (ou méprisante, déshumanisante) d'un non-raciste à un public très large (même involontairement), elle s'adresse donc à des racistes qui la prennent au premier degré, et à des non-racistes qui (après le premier désamorçage de l'explication nécessaire dont nous avons parlé) se demandent qui leur parle et si cette parole est raciste ou est une connivence (doute, deuxième désamorçage). Sans la surprise, sans la connaissance parfaite de la pensée de l’émetteur, ne reste que l'atrocité.
L'erreur est donc dans le fait de s'adresser à la France et non de faire une blague en privé entre gens consentants (racistes entre eux, non-racistes entre eux). Macron n'a pas évalué la situation de communication : il parle à en présence d’une caméra.
La fameuse phrase de Desproges est à décortiquer. On peut rire de tout, mais pas avec tout le monde. "Avec tout le monde" ce n'est pas seulement "avec n'importe qui", c'est aussi "avec la totalité du monde". Et "rire de tout" ce n'est pas "faire des blagues sur tout", il y a "rire", c'est à dire, à la fois l’émission mais surtout la réception (et le "avec" de la situation complète de communication). Bref, On peut faire des blagues sur tout à un public qu'on ne maîtrise pas, divers, mais dans ce cas, cela ne fait pas rire, ce n'est donc plus une blague, mais une simple parole publique au sens littéral.
Il a donc tout bonnement proféré une horreur.
"Faire une blague" à "tout le monde", c'est ne faire "rire" "personne". On ne peut faire rire une nation car l’émetteur (l'etat personnifié) et les récepteurs (60 millions de sensibilités, des Lepenistes, des anti-racistes et humanistes) ne sont à même de partager une connivence. Il y a méprise entre destinataire (flou, non identifié, pas par nous en tout cas) et récepteurs. Il y a couille dans le pâté entre le parole publique et parole privée. La parole publique ne peut être blague (sinon,à la Obama, sur soi-même). Monsieur Macron, encore un effort pour être Chevallier et Laspalès.

La blague, c'est du sérieux. Laissez faire les professionnels.

jeudi 1 juin 2017

Le livre que je ne voulais pas écrire - Erwan Larher (Quidam éditeur)

I read a book today, oh boy !

De l'avantage d'être un happy few. Je fais partie des quelques chanceux qui auront reçu  Le livre que je ne voulais pas écrire  d'Erwan Larher en primeur, il sort pour la rentrée littéraire. C'est un bouleversement. Ce serait mentir de dire que c'est un des livres importants de la rentrée car ce serait réducteur : c'est un livre important. Point. Important tout court.
Je me suis toujours foutu des histoires. Les récits et les suspenses, ce n'est pas mon truc. Les thèmes, les sujets, je m'en contrefous.
Il se trouve que, là, dans un premier temps, je ne peux faire l'impasse. Ado, Erwan Larher découvre le rock, la littérature.
Son amour du rock le mènera au Bataclan un terrible soir de novembre 2015. Il sera blessé par balle.
Son amour de la littérature, lui, le mènera à ce livre, ce grand livre qu'il ne voulait pas écrire. Mais qu'il fallait écrire. Il ne s'agit pas d'un « récit de vie », d'un témoignage, d'un « Bataclan comme vous ne l'avez jamais vu ». Non, oubliez, mettez de côtés vos appréhensions, vos réticences. Il s'agit de littérature. Il s'agit d'un écrivain. D'un vrai, avec toute sa conscience d'écrivain face à l'écriture et donc avec toute sa JUSTESSE. Erwan Larher aborde l'inabordable avec une intelligence incroyable, à juste distance de tout. Il ne fait pas un livre « sur », mais réussit un livre « autour ». Autour de lui, là, là où il ne fallait pas être. Comment il s'est retrouvé là : la découverte du rock, les rencontres, les coïncidences, les mouvements. Ce qui se passe autour de lui, là : avant, pendant, après. Ce qui se passe en lui : le corps, l'esprit. Ce qui se passe autour de lui ailleurs : les amis, les amies, la famille. Comment il en est, s'en est sorti. Et la suite, l’hôpital, la vie, le corps, l'espoir, l'amour.
Il est clair que cela vous happe, vous prend, ne vous lâche pas. Mais si cela vous prend, vous happe, ne vous lâche pas, ce n'est pas à cause du sujet. Ce sujet, n'est pas un sujet possible. Il ne devrait pas être possible à traiter. Ce devrait être trop difficile, trop complexe, trop de pathos possible, d'affects, de maladresses inévitables. Larher évite tous les pièges. Il a évité la mort de si peu, alors, un piège d'écrivaillon, vous pensez... Il est juste, juste juste. Il aime et connaît la littérature. Les formes connues, ces saletés de suspenses manipulateurs, ces descriptions tire-larmes n'ont pas leur place ici, on ne joue pas avec ça, pas là. Il crée donc un objet littéraire adapté, il fabrique, construit, bricole. Le bon, le seul verbe juste serait "Poiën". Il crée sa forme, la forme idéale, celle qui contient & qui est le propos. Il s'agit totalement de littérature, cet art difficile du « comment dire » qui est à l’œuvre. Imposée par le « comment dire ça ». Il sait qu'un travelling est affaire de morale. Ici, ce ne sont pas juste des mots, mais ce sont des mots, les mots justes. Tel choix de pronom, son évolution. La construction qui nous éloigne pour mieux nous rapprocher de lui grâce à des vipères, à une  évidence qu'on ne met pas à distance. L'apport de textes extérieurs également, car s'il est au centre, Larher ne cesse de rayonner, d'ouvrir sur l'autre, les autres, victimes, bourreaux, proches, amantes, pompiers, personnel hospitalier. C'est un livre ouvert, irradiant la vie, l'espoir et l'amour comme on ne peut l'exprimer qu'après avoir côtoyé la mort. C'est surtout un putain de bon livre les amis. Un putain de bon livre comme vous en lirez peu. Il vient vers vous. Il va venir à vous. Il arrive. Il vous ouvre les bras. N'ayez pas peur, c'est un bon livre mais aussi un livre bon, c'est notre livre. On en avait besoin. C'était impossible, il l'a réussi. Pour lui, pour eux, pour nous. On n'est pas seulement admiratif, mais reconnaissant. Mahmoud Darwich expliquait que les Troyens avaient perdu contre les Grecs, non pas pour des raisons militaires, mais parce qu'ils n'avaient pas de poètes pour raconter, eux. Ceux qui ont essayé de répandre la terreur ont perdu ce jour là. Ils ont, hélas, arrêté des vies, mais ils ont perdu, car eux, forces obscures, n'auront jamais ce poète pour partager cela ainsi.Nous si.
Il n'a pas que l'amour qui soit ici une évidence, il y a ce livre. Il est, comme toutes les grandes œuvres, évident.


 Le livre que je ne voulais pas écrire - Erwan Larher (Quidam éditeur)  - Sortie le 24/08/2017


mardi 31 janvier 2017

UBU POTUS & Queen Carlotta

UBU POTUS
Ce matin, j'ai entendu aux infos que Trump virait la ministre de la justice par interim, j'ai pensé de suite à UBU criant : "A la trappe ! A la trappe !".
Rappel ubuesque avant de poursuivre :
PÈRE UBU

C'est tout. Comment, c'est tout ! Oh bien alors, en avant les Nobles, et comme je ne finirai pas de m'enrichir, je vais faire exécuter tous les Nobles, et ainsi j'aurai tous les biens vacants. Allez, passez les Nobles dans la trappe.

On empile les Nobles dans la trappe.

Dépêchez-vous, plus vite, je veux faire des lois maintenant.

PLUSIEURS

On va voir ça.

PÈRE UBU

Je vais d'abord réformer la justice, après quoi nous procéderons aux finances.

PLUSIEURS MAGISTRATS

Nous nous opposons à tout changement.

PÈRE UBU

Merdre. D'abord, les magistrats ne seront plus payés.

MAGISTRATS

Et de quoi vivrons-nous ? Nous sommes pauvres.

PÈRE UBU

Vous aurez les amendes que vous prononcerez et les biens des condamnés à mort.

UN MAGISTRAT

Horreur.

DEUXIÈME

Infamie.

TROISIÈME

Scandale.

QUATRIÈME

Indignité.

TOUS

Nous nous refusons à juger dans des conditions pareilles.

PÈRE UBU

A la trappe les magistrats !
Trump, c'est UBU. Cela me semble assez clair. On retrouve dans ce fat tout  son côté bouffon, son indignité, sa suffisance, sa façon de régner par décret, à l'arrache, gouverné par son égo et sa bêtise. Trump, pas plus qu'Ubu ne réfléchit, il est là pour avoir le pouvoir sans aucune autre vision que celle guidée par des affects, des instincts. Il est misogyne, raciste, impulsif, autocrate et populiste. C'est la bêtise au pouvoir, ses bas instincts pour la pompe à phynances.
Cela dit, rien de nouveau, de nombreux commentateurs, ici en France comme aux USA ont de suite fait ce rapprochement, l'étayant mieux que je ne le fais ici.

Queen Carlotta
Mais, une autre image se télescope. Il y a quelques années, quand j'avais découvert Desperate living de John Waters, j'avais vu en ce film la plus juste adaptation possible d'Ubu. Même provoc, même trash, même bricolage et cela en plus, bien sûr, des points communs scénaristiques qui étaient nombreux. Dans ce film, le père Ubu prend la forme de Queen Carlotta, jouée par Edith Massey, formidable personnage de freak comme les adore Waters.
En imaginant Ubu avec la chevelure jaune de Trump, FLASH, j'ai vu Queen Carlotta. C'est lui.  Comme une évidence. Il suffit de revoir des extraits, où elle crache son mépris à coups de "Hi stupid, Hi ugly !" pour se croire à une conférence de presse du président.
Voilà donc pourquoi ce personnage de Trump me si semblait si familier... Il était là, déjà présent dans mon imaginaire.
Il faut donc, de toute urgence, relire Jarry, revoir Waters, et rechercher les nouveaux Jarry,  les nouveaux Waters qui vont apparaître. On peut aussi espérer que Waters parvienne enfin à phynancer un nouveau film, ça ferait beaucoup de bien à l'Amérique qu'on aime.



lundi 21 décembre 2015

On ne t'attendait pas là - un certain top 2015

Il faut croire que je ne vais plus poster là qu’une fois l'an, en souvenir du bon vieux temps.

Cette année, il y a eu pas mal de déceptions : inutile de s'y arrêter dessus.

En haut, on retrouvera Ezra Furman et son Perpetual motion people. J'avais adoré Day of the dog en 2013 et,à l'écoute du premier single, je fus d'abord en colère : que foutais ces synthés, ce son 80's, cet air détaché... J'étais sûr d'être déçu. Puis l'albume st arrivé. Pas si mal. Bien. Un peu trop 80's là. Drôle de mélange avec le doo-wop, la voix gueularde punk, ça ne se fait pas, drôle de compote. Et puis. Et puis. Et puis, écoute après écoute, la mayonnaise finit par prendre, elle gonfle, enfle, se lie : on comprend. Ezra réussit  un vrai album de 2015, jamais un album revival. Il a vraiment réussi son mélange improbable et grâce à quoi, je vous le donne en mille : grâce à d'excellentes compositions. Il aligne tube sur tube. Il ne doit y avoir qu'un seul titre un peu en dessous. C'estfrais, léger et consistant. On appelle ça un "grower", un album qui se bonifie écoute après écoute. Je dois en être à plus de 200, c'est vous dire s'il est devenu génial.
Après le fabuleux "Gay Singles" d'Hunx & his punx il y a quelques idées, y a pas à dire, les mecs en robe en ont !


En deuxième position, on change carrément de genre. On part sur le fleuve. Avec des branques doués. On part avec les dark dark dark en pleine crise existentielle. Un membre filme, et monte un superbe river movie, Flood tide. Et la B.O. sort, en 3 faces d'un double vinyle (la 4ème est une gravure sur la face). Le film est téléchargeable gratuitement une fois la B.O. achetée. Et cette B.O, instrumentale à l'exception du dernier titre, montre que le groupe tient bien au delà de la voix, pourtant superbe, de Nona Marie. Ambiance au piano à la guitare,à l'accordéon, à la porte de garage, c'est un étonnant voyage.
On peut l'écouter ici notamment : https://darkdarkdark.bandcamp.com/album/flood-tide-original-soundtrack


Je m'aperçois deux ans après que je n'ai jamais fini ce post,tiens. Je le laisse comme ça. Il y avait ensuite Esme PAtterson avec Woman to woman, Donnie Fritts - Oh my goodness, la Dave Rawlings machine, les Sonics, Royal Headache - High, Handmouth, Eilen Jewell et The Deslondes.

lundi 2 février 2015

Think local act global - Un certain top 2014

Tiens donc, je n'ai rien posté en 2014.

Raison de plus pour s'attarder sur deux trois disques qui méritent qu'on leur prête une oreille qu'on ne le leur a pas prêtée.
En 2014, à l'exception de l'album intéressant de Sturgill Simpson, souvent cité dans les top de fins d'années, les quelques disques qui m'ont intéressé sont des petites productions locales qui n'ont, pour certains, eu aucun écho en Europe, à peine aux USA.
Là plupart du temps, j'y suis tombé dessus en grattouillant de lien en lien.

Le premier, Robert Hoefling est un gars de Tulsa. C'est un cousin américain de Keaton Henson américain, plus jovial, moins souffreteux que notre romantique anglais. Sa voix peut parfois évoquer un Kevin Coyne calme et apaisé. Ses chansons sont simples et limpides. On se promène dans Old Memories & Live Wires entre Fire on Fire et Guy Clark.  Simplement accompagné d'une guitare, d'une mandoline, d'une légère batterie, parfois d'une copine ou d'un dulcimer,  il s'installe dans notre salon, fait un petit feu, nous réchauffe et tourne, tourne en boucle. L'album s'appelle donc Old Memories & Live Wires, On peut le découvrir sur Deezer où, à ce jour, je suis son seul fan... Certains titres sont sur son Soundcloud.




Les seconds n'ont rien à voir. Je les ai découverts en me trompant de groupe. Je me suis depuis payé leur LP (version Fire !).  Ils se nomment THE LONGSHOTS, mais n'ont rien à voir avec Roy Loney.
Quoique. On est dans le rock garage bien crade et bien énergique. Tout n'est pas hyper au point, mais ce qui l'est déménage sans ménagement. L'album est aussi sur deezer.


Je vous conseille le titre qui ouvre l'album, single qui tue, Too high for West 7th.



Parlons également du petit side-project de Nona Marie Invie de Dark Dark Dark, Anonymous choir. Entourée de copines elle a enregistré, drôle d'idée, un album reprenant l'intégralité de l'album After the goldrush de Neil Young... et c'est nickel. Même quand on n'écoute plus le vieux Neil depuis des lustres.


Cette année, il fallait aussi faire un tour à Nashville, mettre un chapeau, une veste militaire, un chewing-gum qui se colle dans la barbe et du bourbon. Et du bourbon.  Et du bourbon. Ou bien écouter l'album des Natural Child, plein de barbe, de chewing, de gum, de veste, de chapeau et de bourbon. Idéal en bagnole à travers la campagne... Avec du bourbon.



Il fallait aussi partir au Portugal avec Steve Gunn & Mike cooper, écouter leur Cantos de Lisboa



Voilà, ça suffira bien. Même si on peut aussi avouer un plaisir coupable à avoir écouté en boucle les "Acoustic sessions" de Lily & Madeleine, moins obscures (car lumineuses.)

samedi 31 août 2013

Irrémédiablement perdu ?


Me revoilà vous parlant de Danielia, après mon post d'il y a quelques mois.


"Irrémédiablement perdu", c'est ainsi que l'on pourrait traduire Совсем пропащий, le titre de cette adaptation magnifique des Aventures d'Huckleberry Finn par Gueorgui Danielia.  En France, le titre donné fût "Le garçon perdu".
Guerre froide oblige, ce film soviétique de 1974 n'est jamais sorti chez nous (à peine en Finlande et en Hongrie). Il a pourtant bien été projeté dans notre pays lors du Festival de Cannes puisqu'il était en compétition l'année de la palme à Conversation Secrète de Coppola, à côté de Pasolini, Fassbinder, Spielberg, Ashby, Saura, Shinoda, Russell, Altman, Comencini... 
Le jury de René Clair ne lui a rien donné, c'est un tort.








Cette adaptation de Twain est merveilleuse à bien des égards. On retrouve une Amérique fictive proche de celle des Lucky Luke auquel on pense souvent, des acteurs excellents : Evegeni Leonov, star des comédie soviétiques et acteur fétiche de Danielia et le chanteur-acteur Vakhtang Kikabidze, méga-star georgienne, sorte d'Azavour local. Ces deux là campent le duo d'escroc du roman de Twain, le Duc et Louis XVII qui électrise le film, souvent splendidement contemplatif par de vrais bons moments de comédie.
Il nous faut louer le rythme, non américain alors que tout joue l'Amérique. On a un rythme georgien, oui, parfaitement maîtrisé, jouant de temps doux et calmes alternant avec quelques étincelles. 
Le film, soviétique, évite certains travers sentimentalistes américains et ne cache pas non plus la violence de la ségrégation : Jim est un "nègre" aux yeux de tous, sauf d'Huck, bien entendu.
 
 La photo du film est signée Vadim Yusov, décédé il y a une semaine. Grand chef Op', on lui doit aussi la photo de "Romance à Moscou", l'excellent premier film de Danielia et de "L'enfance d'Ivan", "Solaris" et "Andrei Roublev" pour Tarkovski. Ici, le film propose des bleus profonds très cinémascopes, des feux, de belles lumières estivales et d'étranges bichromies nocturnes. Un superbe travail de coloriste parfaitement adapté à l'univers de Twain.

Ce film admirable est donc totalement invisible pour les non-russophones car disponible seulement en VO. Il n'y a pas si longtemps on pouvait acheter un bon fichier sur le site de la Mosfilm, mais celui-ci a été refondu. La société de production historique du cinéma soviétique propose à la place de le visionner sur Youtube. Et bien faisons donc avec.

Pourquoi je vous parle de ce film ? Parce que j'ai pris le temps de traduire des sous titres anglais trouvés après maintes recherches sur un obscur site turc. Ce n'est pas du travail de pro, mais j'ai fait de mon mieux.
Vous pouvez donc, pour la première fois, voir cette petite merveille, à mes yeux digne des grands & simples films d'enfance (Les contrebandiers du Moonfleet, la nuit du chasseur, ..).
Comment faire ? 
1) Vous pompez le fichier Youtube ci dessous grâce à un add-on de Mozilla fait pour ça (par exemple celui-ci)

2) vous chargez mes sous-titres (Clic droit : enregistrer sous...) 
Corrections bienvenues en commentaires : c'est un premier jet, soyez charitables avec mes choix de traduction et mes coquilles !


3) Vous lisez le fichier flv piqué sur youtube avec VLC en choisissant ce fichier comme sous-titres.

Et, on n'oublie pas de me faire un petit commentaire dessous pour discuter de ce beau film une fois visionné.

Bon film !


lundi 18 mars 2013

C'est tout vu : décembre 2011 - février 2013

Oui cela fait un an 1/4 que je n'ai pas posté mes bilans mensuels de visionnages. Et POUF ! C'est magique, les voilà ! Trop de choses à en dire pour en parler.. mais on peut en discuter...

 
DECEMBRE 2011

Histoire de détective - Dekekeuleire - *****
La Perle - d'Ursel - *****
Macao - Von Sternberg - ****+
Monsieur Fantomas - Moermans - ***
Cabaret - Fosse - *****
L'arnaque - Hill - **+
Voyage au pays de la peur - Forster - ****
Le petit Poucet - Dahan - ***
L'heure suprême - Borzage - *****
Heureux Anniversaire (CM) - Etaix - ***+
L'honneur des Prizzi - Huston - ***+
T-Men (La brigade du suicide) - Anthony Mann - ***
Le retour à la raison - Man Ray - *****
L'étoile de mer - Man Ray - ****+
Jerry chez les cinoques (The disorderly orderly) - Tashlin - ***+
Very bad cop (The other guys) - McKay - ****
Confidences pour confidences - Thomas - *****
Spy Kids II - Rodriguez - **+
Un flic - Melville - ***+
Le soupirant - Etaix - ****+


Fais pas ci, Fais pas ça :4.5, 4.6

2012

Janvier

Star 80 - Fosse - *****
Domicile conjugal - Truffaut - *****
Paris nous appartient - Rivette - *****
Madame de... - Ophuls - ****+
Eva - Losey - ****
Le parrain - Coppola - ****
Les contrebandiers de Moonfleet - Lang - ****+
Cris et chuchotements - Begman - *****
Un cœur simple - Laine - ***
emak bakia - Man Ray - ***+
La Fontaine, le défi - Vigne - *+/**
Le Parrain II - Coppola - *****
It's all true - Wilson/Krohn/ Meisel incluant "Four men on a raft"- Welles - *****
Le mystère de la chambre jaune - Podalydes - ***
La colline aux coquelicots - G.Miyazaki - ***+
L'enfance d'Ivan - Tarkovski - ****+
Le vampire - Painlevé - ****+
The life and death of 9413 A hollywood extra - Fiorey / Vorkapich - ****+
Hearts of age - Welles/Vance - *****
Brumes d'automne - Kirsanoff - ****
Millenium - Oplev - ****
Dragons - studio Dreamworks - ****
Les années Déclic - Depardon - *****
La rivière de nos amours (Indian Fighter) - de Toth - ***+
Regen - Joris Ivens - ***+
Le parrain III - Coppola - **+
A very Harold & Kumar 3D christmas - Todd Strauss-Schulson - ***+
Very bad trip - Philips - ***+
L'armée du crime - Guédiguian - ****
Jeu de massacre - Jessua - ***+
_________________
FEVRIER

L'impératrice rouge - Von Sternberg - *****
L'affaire Cicéron - Joseph Leo Mankievicz - ****
West Side Story - Wise - *****
Bon à rien - Yoshida - ****
Nuit et brouillard - Resnais - *****
Le chant du styrène - Resnais - *****
Les chaussons rouges - Powell Presburger - ****
Docteur Jerry & Mister Love - Lewis - ***
Lola - Demy -****+
Caught - Ophuls - ****
The Ghost Writer - Polanski - **+
The Haunting (La maison du diable)- Wise - ****+
Le sang séché - Yoshida - *****
The artist - Hazanvicius - ***+
La Taupe - Alfredson - *****
Liebelei - Ophuls - *****
Les contrebandiers de Moonfleet - Lang - ****+
Du rififi chez le hommes - Dassin - *****
Duel au soleil - Vidor -
Les feux de la rampe - Chaplin - *****
_________________
MARS

La colline des potences - Daves - *****
La Barbe à papa - Bogdanovich - **+
Freaks - Browning - *****
Monsieur M, 1968 - Cibien & Berletti - ****+
Muriel - Resnais - ***
La source thermale d'Akitsu - Yoshida - ***** (chef d’œuvre ?)
Comme un chien enragé - Foley - ****
La glace à trois faces - Epstein - ***
Even : as you and I - Barlow, Hay, Robbins - **
La comtesse aux pied nus - Mankiewicz - ****
Pecker -Waters - ***+
Tombe les filles et tais-toi (Play it again sam) - Herbert Ross - ****
Raiponce - Studios Disney - *****
Loulou - Pabst - ****
Fin d'une douce nuit - Yoshida - ****+
Another year - Leigh - ***+
Evasion au Japon - Yoshida - *
Le grand escroc - Godard - *****
# Le plus vieux métier du monde(segment "Anticipation, ou l'amour en l'an 2000")- Godard - *****
Ladyhawke - Donner - *+
Sous le plus grand chapiteau du monde - DeMille - **+
Nuages flottants - Naruse - ***
L'ami retrouvé - Schatzberg - ***
Misère au borinage - Henri Storck & Joris Ivens - ****+
_________________
AVRIL

Vivement dimanche - Truffaut - *****
Furie - Fritz Lang - *****
Les passagers de la nuit- Daves - *****
Une femme est une femme - Godard - *****
Chronique d'un homicide - Bolognini - ***
Hunger - McQueen -****
Les adieux à la Reine - Jacquot - **+
Deux anglaises et le continent - Truffaut - *****
La griffe du passé (out of the past) - Tourneur - *****
Touchez pas au grisbi - Becker - ***+
Le patron est mort - Storck - ****+
Assurance sur la mort - Wilder - *****
Badlands - Malick - *****
Tirez sur le pianiste - Truffaut - *****
Profis paysans : L'approche - Depardon - *****
_________________
MAI

La fureur de vivre - Ray - *****
Le cercle rouge - Melville - *****
City Girl - Murnau - *****
Gun Crazy - Lewis - *****
Cry baby - Waters - *****
Benny's video - Haneke - ***+
Bonnie & Clyde - Penn - ****
Christmas in July - Sturges - ****+
Mark Dixon detective - Preminger - ***
The Naked Kiss - Fuller - ****+
Ulysse - Varda - (CM) - **+
L'île nue - Kaneto Shindo - ****+
_________________

Juin

La drôlesse - Doillon - *****
Elephant - Clarke - ****+
L'Homme qui aimait les femmes - Truffaut - *****
Ulysse -Camerini - ***+
12 hommes en colère - Lumet - *****
Fahrenheit 451 - Truffaut - **
La vengeance est à moi - Imamura - ***+
Prime Cut - Ritchie - ***
Deep end - Skolimowski - *****
Je vous salue Marie - Godard - *****
Le vent de la plaine - Huston - ***+
Cendrillon aux grands pieds - Tashlin - **+
L'été de Giacomo -Comodin - **+
Oslo, 31 août - Trier - ****+
Jeff who lives at home - Duplass - ****+
Le feu Follet - Malle - ****+
_________________
Juillet- aout

La perle du Pacifique Sud - Dwan - **
Fantomas - Hunebelle- **
Vous allez rencontrez un bel et sombre inconnu - Allen - **
Mes meilleures amies - Feig - ****
L'amie de mon amie - Rohmer - ****
Fantomas se déchaine - Hunebelle - abandonné en route
The social network - Fincher - ***+
American Graffiti - Lucas - ****
Fantomas contre Scotland yard - Hunebelle- **
Rebelle - ? - ***+
Old Joy - Reichardt - ***
L'Apollonide - Bonello - ****+
Habemus papam - Moretti - ****+
La chevauchée des bannis - de Toth - ***** (chef d'oeuvre)
Une étoile est née - Cukor - ****
Le petit arpent du bon dieu - Anthony Mann - ***
La femme d'à côté - Truffaut - ****
Le convoi sauvage - Sarafian - ****+
Hélas pour moi - Godard -****
Moi, député - Roach - ****
_________________

Septembre
18 jeunes gens à l'appel de l'orage - Yoshida - ***+
L'étrangleur de Boston - Fleischer - *****
The Boat - Buster Keaton/Cline - ****
Du côté d'Orouët - Rozier - ***
Hannah et ses soeurs - Allen - ****
La cité sans voiles - Dassin - **+
Ici et ailleurs - Godard / Mielville - *****
Rentrée des classes - Rozier - *****
Blue Jeans - Rozier - ***+
After the thin man -...
L'Homme de Rio - de Broca - ****
Wall-E - Stanton -*****
Onibaba -Shindo -****
L'arrangement - Kazan - *****
Traquenard - Ray - ****
Les beaux gosses - Sattouff - **+
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Octobre

Mort à l'arrivée - Morton/Jankel - ***+
Pour l'exemple - Losey - ***
Le passage du canyon - Tourneur - *****
Seuls sont les indomptés - Miller - ***** (Chef d’œuvre ?)
Sa majesté des mouches - Brook - **+
Les sentiers de la gloire - Kubrick - *****
Incendies - Villeneuve - ****
L'enfant sauvage - Truffaut - ****+
Go west - Keaton - ****
L'heure d'été - Assayas -****+
Skyfall - Mendes - ***
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Novembre

Artistes et Modèles - Tashlin - ****+
Asterix et Obélix au service de sa majesté - Tirard - **
Jules et Jim - Tuffaut - *****
Dans la maison - Ozon - **+
Il était une fois en Amérique -Léone - ****
Tout ce qui brille - Nakache & ? - *+
Les nuits de pleine lune - Rohmer - ****
Espion(s) - Saada - ****
Convoi de femmes- Wellman - ***** (chef d’œuvre ??)
Le gai savoir - Godard - ***
Adieu, ma jolie (Murder, my sweet) - Dmytryk - ****
Pat Garrett & Billy the Kid - Peckinpah - ***** Chef d’œuvre : top 3
La cinquième colonne - Hitchcock - ****
Dillinger - Milius - ****
Breezy - Eastwood - ****

Séries :
Breaking bad 4
Fais pas ci, fais pas ça 4
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Décembre
Madame et ses flirts (Palm beach story) - Sturges - *****
Smith le taciturne - Fenton - **+
La vagabond de Tokyo - Suzuki - ****
Jeux d'enfants - Holland - ***+
Le fantôme de Cat Dancing - Sarafian - *****
Nous avons gagné ce soir (the set-up) - Wise - ***** (chef d’œuvre ?)
Alphaville - Godard - chef d'oeuvre
Out of the blue - Hopper - ****
Monsieur Verdoux - Chaplin - ****
Série noire - Corneau - **
Élégie de la bagarre - Suzuki - *****
La charge héroïque - Ford - ****
Le hérisson dans le brouillard - Norstein - *****
Puissance de la parole - Godard - *****
Rabbi Jacob - Oury - **+
La mariée était en noir - Tuffaut - ****
Retour vers le futur - Zemeckis - ***+
Retour vers le futur II - Zemeckis - ****
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 2013

 Janvier

Les contrebandières - Moullet - **+
Ernest et Célestine - Aubier/Patar/Renner - **
Une belle fille comme moi - Truffaut - ***+
Profils paysans : le quotidien - Depardon - *****
Achik Kerib - Parajanov & Abashidze -**+
Mr & Mrs Smith - Hitchcock - **+
Max et les maximonstres - Jonze - **
L'ouragan de la vengeance - Hellman - ***+
Claire Dolan - Kerrigan - ****+
Une vie de chat - - ***
Tabou - Gomes - ****+
Le mirage de la vie - Sirk - ****+
Têtes de pioches - Blystone - ***
Detective du bureau 2-3 - Suzuki - ****-
La porte du diable - Mann - *****
Les chevaux de feu - Parajanov - ****+
Requiem pour Billy the Kid - Feinsilber - *****



Février

Vivement dimanche - Truffaut - *****
Les frissons de l'angoisse - Argento - *****
The do-deca-pentathlon - Duplass & Duplass - *****
Pendaisons à Jefferson City (1911) ; La prairie en feu ; Le railway de la mort ; Un mariage au revolver ; Cœur ardent ; Cent dollars mort ou vif (1912) - Jean Durand - *****

Mensonges, trahisons et plus si affinités - Tirard - ***+
La marque du tueur - Seijun Suzuki - *****
La chambre verte - Truffaut - ****
10ème chambre- Instants d'audience - Depardon - *****
The shop around the corner (Rendez-vous) - Ernst Lubitsch - *****
Liberté et Patrie - Godard Miéville - ***+
Le peintre néo-impressionniste et autres films d'E.C.- Emile Cohl - ** à *****
Des l'influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites - Newman - ****+

Macbeth - Welles - *****
I love you - Ferreri - ***+
L'aventure intérieure - Dante - ***
Moi, moche et méchant - Coffin/Renaud - ****
Kin-dza-dza ! - Danielia - *****
Symphonie paysanne - Storck - ***+
Mimino - Danielia - *****

jeudi 7 mars 2013

Ailerons

De petites ailes, ça ne devrait pas nous mener loin, ça.
Du moins, je ne me vois pas planer avec de petits ailerons chétifs. Il faudrait pour cela de bonnes grosses grandes ailes. Du genre de celles qui empêchent de marcher.

Et pourtant, pourtant, j'en connais un qui vole haut, qui plane bien, avec de toutes petites ailes.

Si petites. Si haut. Si petites et si haut que je ne l'ai d'abord pas vu. Personne ou presque ne l'a vu, dans le coin, il me semble. Pas grand monde. Ceux qui ont de bonnes jumelles, peut-être.

Il s'appelle Kyle field, alias Little Wing.

Cet homme à petits ailerons sort un nouvel album, sur lequel on passera vite pour mieux voir ce qu'on a raté avant, c'est à dire "Light green leaves" en 2002 "Magic wand" en2004 et l'EP "Soft Pow'r" en 2007. Je n'ai pas encore tout écouté du bonhomme (il existe des cassettes démos en pagaille). Proche d'Oldham (il a dessiné la pochette du single "Agnes queen of sorrow"), il entre, à mon avis, dans la catégorie de ses pairs, avec Jason Molina, plutôt que dans celle de ses imitateurs. Soft Pow'r lorgne aussi vers Lambchop.

Trois vidéos devraient suffire à vous convaincre illico...



 


Et voilà, je vous avais bien dit que je ne reviendrais poster ici que pour des choses essentielles...