mardi 31 janvier 2017

UBU POTUS & Queen Carlotta

UBU POTUS
Ce matin, j'ai entendu aux infos que Trump virait la ministre de la justice par interim, j'ai pensé de suite à UBU criant : "A la trappe ! A la trappe !".
Rappel ubuesque avant de poursuivre :
PÈRE UBU

C'est tout. Comment, c'est tout ! Oh bien alors, en avant les Nobles, et comme je ne finirai pas de m'enrichir, je vais faire exécuter tous les Nobles, et ainsi j'aurai tous les biens vacants. Allez, passez les Nobles dans la trappe.

On empile les Nobles dans la trappe.

Dépêchez-vous, plus vite, je veux faire des lois maintenant.

PLUSIEURS

On va voir ça.

PÈRE UBU

Je vais d'abord réformer la justice, après quoi nous procéderons aux finances.

PLUSIEURS MAGISTRATS

Nous nous opposons à tout changement.

PÈRE UBU

Merdre. D'abord, les magistrats ne seront plus payés.

MAGISTRATS

Et de quoi vivrons-nous ? Nous sommes pauvres.

PÈRE UBU

Vous aurez les amendes que vous prononcerez et les biens des condamnés à mort.

UN MAGISTRAT

Horreur.

DEUXIÈME

Infamie.

TROISIÈME

Scandale.

QUATRIÈME

Indignité.

TOUS

Nous nous refusons à juger dans des conditions pareilles.

PÈRE UBU

A la trappe les magistrats !
Trump, c'est UBU. Cela me semble assez clair. On retrouve dans ce fat tout  son côté bouffon, son indignité, sa suffisance, sa façon de régner par décret, à l'arrache, gouverné par son égo et sa bêtise. Trump, pas plus qu'Ubu ne réfléchit, il est là pour avoir le pouvoir sans aucune autre vision que celle guidée par des affects, des instincts. Il est misogyne, raciste, impulsif, autocrate et populiste. C'est la bêtise au pouvoir, ses bas instincts pour la pompe à phynances.
Cela dit, rien de nouveau, de nombreux commentateurs, ici en France comme aux USA ont de suite fait ce rapprochement, l'étayant mieux que je ne le fais ici.

Queen Carlotta
Mais, une autre image se télescope. Il y a quelques années, quand j'avais découvert Desperate living de John Waters, j'avais vu en ce film la plus juste adaptation possible d'Ubu. Même provoc, même trash, même bricolage et cela en plus, bien sûr, des points communs scénaristiques qui étaient nombreux. Dans ce film, le père Ubu prend la forme de Queen Carlotta, jouée par Edith Massey, formidable personnage de freak comme les adore Waters.
En imaginant Ubu avec la chevelure jaune de Trump, FLASH, j'ai vu Queen Carlotta. C'est lui.  Comme une évidence. Il suffit de revoir des extraits, où elle crache son mépris à coups de "Hi stupid, Hi ugly !" pour se croire à une conférence de presse du président.
Voilà donc pourquoi ce personnage de Trump me si semblait si familier... Il était là, déjà présent dans mon imaginaire.
Il faut donc, de toute urgence, relire Jarry, revoir Waters, et rechercher les nouveaux Jarry,  les nouveaux Waters qui vont apparaître. On peut aussi espérer que Waters parvienne enfin à phynancer un nouveau film, ça ferait beaucoup de bien à l'Amérique qu'on aime.



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